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Orchestre de chambre
« Les Harmonies d’Orphée »
Orphée, entouré par les animaux ; Mosaïque romain, Palerme, Musée archéologique
Le Mythe : Orphée et Euridice : Orphée est le fils du roi de Thrace, Œagre et de la muse Calliope. Il a inventé la cithare en ajoutant deux cordes sur la lyre à sept cordes reçue d'Apollon pour atteindre le nombre neuf, nombre des muses. Son chant charmait les dieux et les mortels, apprivoisait les fauves et parvenait même à émouvoir les êtres inanimés. Par ses mélodies, il apaisa Cerbère et charma les divinités infernales lorsqu'il descendit aux Enfers pour obtenir le retour à la vie d'Eurydice, son épouse disparue. Il y a trois versions possibles concernant la mort d'Orphée :
Il aurait été massacré par les Ménades, nymphes qui élevèrent Dionysos, qui lui reprochaient de favoriser Apollon - l'esprit spirituel - au détriment de Dionysos- l'élan vital.
Orphée aurait été foudroyé par Zeus pour avoir révélé aux hommes ses expériences de l'au-delà lors des Mystères qu'il avait institués
Orphée, inconsolable par la mort de sa femme, Eurydice, ne regardait plus les femmes de Thrace. Celles-ci ne purent supporter son indifférence à leur égard et résolurent de le mettre à mort. Elles le coupèrent en morceaux et le jetèrent dans le fleuve Hèbre qui emporta ses restes et sa lyre jusqu`à l'île de Lesbos où un tombeau fut élevé en son honneur.
Eurydice mourut piquée par un serpent ; son mari Orphée descendit aux Enfers et supplia Hadès et sa femme Perséphone de la ramener sur terre. Charmés par la musique du jeune homme, le roi des Enfers céda à la demande d'Orphée à la condition qu'il ne se retourne pas sur elle avant d'accéder à la lumière. Mais Orphée ne sut résister au désir de la revoir et perdit Eurydice à jamais.
Les textes de la littérature antique traitant de ce mythe et évoquant ce personnage sont nombreux, parmi les auteurs grecs on peut mentionner:
Pindare Pythique IV, 177 mais aussi les auteurs de tragédie comme Eschyle dans Agamemnon ou Euripide dans Les Bacchantes, Iphigénie à Aulis, Alceste.Parmi les auteurs latin. Virgile évoque la tragédie d'Orphée et d'Eurydice à la fin de la IVe georgique. Ovide à son tour reprend ce mythe dans Les Métamorphoses chants X et XI.
Parmi ces textes, dans celui d'Ovide, nous vous prtésentons le touchant mythe sur "Orphée et Euridice" (Les Métamorphoses livre X, vers 47-63):
" Sustinet oranti, nec qui regit ima, negare
Eurydicenque vocant ; umbras erat illa recentes Inter et incessit passu de vulnere tardo.
Hanc simul et legem Rhodopeius accipit Orpheus, Ne flectat retro sua lumina, donec Avernas Exierit valles: aut irrita dona futura.
Carpitur acclivis per muta silentia trames,
Arduus, obscurus, caligine densus opaca.
Nec procul afuerant telluris margine summae; Hic, ne deficeret metuens avidusque videndi Flexit amans oculos et protinus illa relapsa est ;
Bracchiaque intendens prendique et prendere certans Nil nisi cedentis infelix arripit auras.
Jamque iterum moriens non est de conjuge quicquam Quaesta suo (quid enim nisi se queretur amatam ?) Supremumque "vale", quod jam vix auribus ille Acciperet, dixit, revolutaque rursus eodem est. "
" A sa prière; ils appellent Eurydice qui se trouvait parmi les ombres nouvelles, et elle s'avance d'un pas lent du fait de sa blessure.
Orphée du Rhodope la reçoit en même temps que l'injonction de ne pas se tourner pour regarder derrière avant d'être sorti des vallées de l'Averne, sous peine d'annuler la faveur.
Au milieu d'un profond silence, ils prennent un chemin en pente, abrupt, obscur, enveloppé par un épais brouillard.
Ils n'étaient plus très loin du bord supérieur de la terre; là, dans la peur de la perdre et le désir fou de la voir, l'amant tourna les yeux : sur-le-champ, elle fut tirée en arrière et, lui tendant les bras, la malheureuse luttait pour retrouver l'étreinte, mais elle ne saisit que l'inconsistance de l'air.
Mourant une nouvelle fois, elle ne dit strictement rien contre son époux (de quoi se serait-elle plainte, sinon d'être aimée ?)
Mais prononça un dernier adieu qui ne parvint qu'à peine a ses oreilles, et elle retomba au lieu d'où elle était sortie. "
Ce texte est une poésie qui relate la descente aux Enfers d'Orphée pour rechercher son épouse Eurydice et la seconde mort d'Eurydice. C'est un discours narratif et descriptif. Dans l'épisode, Orphée est décrit comme un homme courageux et fidèle car il n'hésite pas à descendre aux Enfers pour chercher Eurydice. Talentueux, il chante et joue merveilleusement de la lyre. Dans le passage Orphée est impatient et n'a pas confiance en Hadès et Perséphoné c'est pour cela qu'il se retourne et perd Eurydice pour la seconde fois. Le registre de cet épisode est pathétique car les deux personnages sont sur le point de réussir l'exploit de sortir de ce lieu hostile que sont les Enfers. C'est ce que soulignent les vers décrivant les vallées de l'Averne (vers 53-56) et le vers 57: " Nec procul afuerant telluris margine summae"
Orphée est aussi très présent dans la littérature française. Le personnage d'Orphée représente souvent le poète. Parmi les auteurs qui ont traité de ce mythe, nous pouvons cite de nombreux poètes et en particulier Apollinaire. Anouilh lui aussi a écrit une pièce de théâtre intitulée Eurydice en 1942, et Jean Cocteau dans Orphée, en 1949, imagine un scénario de film mettant en scène ce héros.
Eluminure du Moyen Age
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